17 janvier, 2012

Pourquoi 2°C ?

Quand on s'intéresse aux questions de climat, et aux négociations censées permettre de le préserver, on est frappé par l'omniprésence d'un chiffre : 2°C. Plus que d'un chiffre, il s'agit là en fait de la colonne vertébrale sur laquelle repose l'ensemble de la balbutiante architecture politique internationale visant  lutter contre le changement climatique.

Que signifie donc ce chiffre ? Il s'agit en réalité d'un objectif. La communauté internationale, lors des conférences de Copenhague (2009), Cancun (2010) et Durban (2011) a adopté l'objectif de contenir l'élévation des températures moyennes à la surface du globe en dessous de 2°C par rapport à l'époque pré-industrielle. Certains pays, en particulier ceux membres du groupe AOSIS (Association of Small Island States - Association des Petits Etats Insulaires) réclament que l'objectif soit abaissé à 1,5°C du fait de leur extrême vulnérabilité à la montée du niveau des mers.

Cet objectif est devenu une sorte de mantra dans les milieux climatiques. Il sert en tout cas de base commune de discussion pour toutes les négociations internationales sur le climat. D'où l'importance de se poser la question suivante : pourquoi 2°C ? D'où ce chiffre vient-il ? Comment a-t-il pris une telle importance dans les politiques publiques internationales ? Les textes internationaux parlent d'un objectif de 2°C recommandé par "la science". Mais j'ai toujours trouvé cela un peu vague.

Jusqu'à très récemment, je n'avais aucune idée de l'origine de cet objectif. Et je suis persuadé qu'au sein de la communauté d'individus qui travaillent sur ou s'intéressent de près à la question du climat, j'étais très loin d'être le seul. Il eut été intéressant de faire un sondage à Durban… Mais, fort heureusement, l'IDDRI a en partie élucidé le mystère dans une étude récente et passionnante. Et il se trouve que la réponse n'est pas si simple.

Pour résumer, l'objectif de 2°C faisait partie initialement d'une série d'objectifs testés comme hypothèses de travail par une multitude de travaux prospectifs. Du coup, il est très difficile de dire quel chercheur ou quelle institution a formulé l'objectif en premier.

De plus, la cause de la prévalence de cet objectif reste également assez obscure. D'après l'IDDRI, il s'agit en réalité de la conséquence d'une série d'échanges entre les sphères politique et scientifique dont le but fut de structurer le débat sur les solutions à apporter à la menace climatique. L'étude montre également que l'adoption de l'objectif de 2°C a également constitué un plus petit dénominateur commun entre les Parties aux négociations internationales. En effet, d'autres objectifs chiffrés étaient tout aussi envisageables, en particulier un objectif de concentration atmosphérique de CO2. Or, cette cible aurait le désavantage d'être aisément mesurable. Inversement, l'objectif de deux degrés reste suffisamment vague pour satisfaire tout le monde. Plusieurs questions restent en effet en suspens concernant les 2°C : 2°C de plus par rapport à quand  (l'époque pré-industrielle a été plutôt longue) ? Comment le mesure-t-on ? Étant donné qu'il s'agit d'une moyenne mondiale, quand et comment saura-t-on que l'on a ou non atteint ce point ? etc

L'étude montre surtout comment science et politique deviennent difficiles à distinguer l'une de l'autre lorsqu'on parle de climat. Le débat éternel au sein de la communauté scientifique consiste à savoir déterminer jusqu'à quel point un scientifique doit formuler des prescriptions socio-économiques. Cette interrogation est particulièrement pertinente dans le cadre de la science du climat, dans le cadre de laquelle les scientifiques se retrouvent au coeur de controverses publiques d'une extrême violence (EXEMPLES). Personnellement, je pense que le désir qu'expriment certains scientifiques de se cantonner à formuler un avis purement scientifique sur le changement climatique est illusoire et potentiellement contre-productif et ceci pour plusieurs raisons.

Tout d'abord, avoir raison ne suffit pas. Face à des organisations financées par de puissants intérêts privés qui cherchent par tout moyen à polluer le débat public sur le climat en créant un doute sur la qualité de la science (voir sur ce thème le livre "Les Marchands de Doute" de Naomi Oreskes), les scientifiques doivent monter au créneau pour que la vérité scientifique puise être communiquée au public. Dans l'ère du blog, du micro-blog et  de l'information à outrance, la vérité scientifique ne se suffit plus à elle-même et les scientifiques doivent devenir des communicants.

Ensuite, si les scientifiques ne proposent par leur vision de l'action à mener pour lutter contre le changement climatique, les décideurs publiques pourront se réfugier derrière une interprétation qui les arrange de la science du climat. Ou bien derrière la fausse (et archi fausse) idée selon laquelle il n'existe pas de consensus au sein de la communauté scientifique sur ce phénomène.

Ainsi, je suis convaincu que les scientifiques du climat doivent jouer un rôle plus important dans la sphère publique. J'ai été particulièrement impressionné par des scientifiques comme Valérie Masson-Delmotte en France qui ont décidé d'aller combattre un Claude Allègre sur son terrain de prédilection, à savoir la télévision. Et j'ai une admiration sans borne pour un James Hansen qui, en plus d'être peut-être la plus grande sommité mondiale sur le changement climatique, fait preuve d'un activisme qui pourrait faire rougir les militants les plus chevronnés de Greenpeace.

16 janvier, 2012

Vacarme sourd

La campagne présidentielle française semble être partie sur une dynamique très étrange. Le pays a rarement eu autant besoin de débats de fonds et d'une vision claire de la part de ses élites politiques. Rien que durant ces derniers jours, on a appris que la France devrait renouer avec la récession en 2012, et que sa note de crédit serait dégradée. Je ne parle même pas du chômage, et en particulier de celui des jeunes. Résoudre ces enjeux demande de la détermination, des idées claires et surtout des valeurs. Or la majorité a prouvé à de trop nombreuses reprises qu'elle n'en avait pas. Ou en tout cas pas de recommandables. Le PS, qui semble avoir quelques vagues restes de valeurs humanistes et social-démocrates, semble incapable d'articuler une vision claire de ce qu'elle souhaite faire de la société française.   

Outre la médiocrité du débat politique, ce qui me frappe le plus dans cette campagne c'est qu'on ne parle pas des enjeux les plus importants. Notamment de celui du climat. Je sais bien que personne n'a jamais gagné une élection en parlant de climat (par contre beaucoup en ont perdu). Je suis également bien conscient que les gens pensent avant toute chose à leur boulot, à nourrir leurs gosses, à leur galère de logement etc. Il n'en est pour autant pas moins vrai qu'aucun responsable politique de ce pays n'aura le courage de dire à son peuple que ce modèle de croissance est cassé pour toujours. Que si l'on continue dans cette voie, on risque une paupérisation massive de la population du fait d'un renchérissement de l'énergie. Que la consommation à outrance a des impacts potentiellement irréversibles sur le climat et la biosphère. Je suis conscient qu'en utilisant ces termes, je prends le risque d'être catalogué comme un écologiste décroissant (qui a d'ailleurs remplacé frontiste comme insulte suprême du vocabulaire politique français). Mais arrêtons de nous leurrer, la décroissance a déjà commencé. A moins d'un saut technologique actuellement impensable qui permettrait de réduire drastiquement la pression que nous exerçons sur l'environnement, une forme de rationnement sera nécessaire. Mieux vaut s'y préparer dès aujourd'hui.   

Ne nous leurrons pas non plus sur l'évolution des idées humaines. L'idée selon laquelle l'espèce humaine doit diminuer autant que possible son empreinte environnementale est relativement neuve. Elle balbutie, se cherche, expérimente au niveau local. Elle n'ose pas encore se déployer, et en est de toute façon empêchée par l'idéologie dominante, qui lui même une guerre très violente. Mais elle finira par devenir nécessaire, et rentrera dans les moeurs de tous. Je suis intimement persuadé que l'écologie deviendra l'idéologie politique standard de mon vivant.  

Mais je m'éloigne du sujet principal de ce post, qui était de pointer le fait que la menace principale qui pèse sur notre espèce. à savoir le changement climatique, n'est même pas abordée dans cette campagne présidentielle. On savait que la droite faisait semblant de s'y intéresser pendant le Grenelle de l'Environnement. On savait aussi que les socialistes sont, dans une très large mesure, très mal à l'aise sur les questions de climat. Mais jamais je n'aurais imaginé qu'on puisse ne pas en parler pendant une campagne présidentielle. Il s'agit là pourtant d'une question essentielle quant aux dangers que les dérèglements du climat font peser sur notre économie, mais aussi quant aux opportunités de restructuration complète de celle-ci qu'elle présente (et qu'Eva Joly semble être la seule à avoir compris).  Au final, la question du climat se retrouve noyée dans ce vacarme assourdissant qu'est la campagne 2012 où on parle beaucoup mais de rien d'important.

Je ne suis pas confiant pour l'avenir de la France.

27 décembre, 2011

What kind of COP has it been ? Durban wrap-up post


It’s taken me two weeks to find enough time and energy to write a Durban wrap-up post, because it’s been pretty crazy ever since I flew back from South Africa and, well, Christmas dinners have a tendency to send me into intellectual lethargy. But it’s ok now I’m back J

COPs are useless, but not having them would be worse
Most people have never heard of the COP, and most people probably can’t be bothered to learn what it is. Considering the level of media coverage the whole UNFCCC process has gotten since the run-up to COP15 and the lack of tangible results on the climate front (the Bali Roadmap, Copenhagen Accord, Cancun Agreement and now Durban Platform have done nothing to curb international GHG emissions) we shouldn’t be surprised that most people consider this an “expensive waste of time” as a South African man I met at the airport today put it.
It is true that the negotiations process is deeply flawed and has failed thus far to deliver any meaningful outcome. Global GHG emissions have jumped last year like never before (LINK) meaning that the concentration of CO2 in the atmosphere has never been higher and that we are headed to potentially catastrophic levels of climate change. It is also true that “rich” countries (whatever that means today) are dragging their heels on the disbursement of the climate money they legally owe developing countries and that the utterly dysfunctional US political process is turning a once leading country into a rogue nation on climate issues. Nonetheless, I still think it would be incredibly foolish to ditch the whole thing.
Why? Many reasons actually. First, it is crucial that countries continue to meet on a regular basis to discuss these issues. When one sees how complex and multi-facetted these negotiations have become, one can only be glad that governments meet often to discuss them. That being said, it poses strong logistical issues for poor nations. One example: at my hotel in Durban, I met ¾ of the Tajik negotiating team i.e. 3 people. France’s team had more than 30 people, and the US team probably around 100. It is hard to play at the same level when there’s such a huge difference in firepower. But it doesn’t mean that small countries should just stop coming to the COP, however small their influence is. And they have proven to be extremely powerful players when they unite in a negotiating group (G77, AOSIS etc).
Second, as I wrote in a previous post, negotiations are not the whole thing at the COP. It is difficult to fathom the sheer quantity of debates, discussions, information sharing or networking that takes place in an event like this one. Like all international fora, a COP is great at creating bridges between people and organizations. If I take my meaningless personal example, I have met extremely interesting people from all around the world and had a couple of really enlightening discussions. Of course I’ve also met a lot of career/money-driven, bullshit-prone (usually business, but not uniquely) people. But I’ve also met people from all stripes with a genuine commitment to solving or adapting to the climate crisis. And I think it’s great and really useful that these people get to meet every year and share their findings or experiences. This is not going to solve the whole climate crisis of course, but when governments get their s*** together and decide to move on it, they’ll find people with the expertise and the know-how ready to act on the ground.
Which brings me to a general feeling I had all along this COP. During these ten days, many people have expressed their frustration at the political process deemed to slow and incapable of delivering anything useful. It seems to me that everyone is ready for action except governments. People are discussing a “second’ track of action which would bypass the UN process at launch widespread mitigation and adaptation actions at the local level. In my opinion, this is essential because whatever is decided via the UNFCCC will have to be implemented at the local level. So they might as well get started right now. However, I am still convinced that if we want to achieve the economic and social transformation that is necessary, the international community has to agree on a treaty that would put a high price on carbon emissions. Even the private sector is begging for just that! As long as there is no global carbon price, the economic incentives to invest massively in R&D and in new technologies will be too small.
The Durban Platform: more questions, not a whole lot of action
I was not optimistic about the outcome of COP17. I think countries are still too far apart on the main issue of who’s got to do what, and that China and India are definitely trying to buy time before they are considered as major emitters that need to take on heavy emissions reduction efforts. But let us not fool ourselves; this is not why negotiations are so painfully slow. It’s because Annex 1 (rich) countries are not doing their share of the effort. One example: last year, the growth of US emissions was larger in volume (!) than that of India (I got this from a presentation by the always ferocious and rarely wrong Sunita Narain). This explains why Todd Stern, lead negotiator for the US, had so much trouble convincing the press here in Durban that the US was serious about mitigation. Another example: a recent study by the Stockholm Environment Institute showed that the pledges made by developing countries in terms of emissions reduction were superior to those of developed countries, even though the latter have a legal obligation under the UNFCCC to bear a heavier reduction burden in the name of the holy principle of “common but differentiated responsibilities and respective capabilities” (seriously, for developing countries it’s like a mantra). So no wonder why developing countries are not exactly ready to commit to an agreement that would limit their development space.
Nonetheless, after double overtime and much wrangling, we got the Durban Platform. Basically, countries have agreed to find an agreement by 2015 that would bind everyone in a single treaty. The EU has been pretty successful at bringing top players together on this, and this is a positive development. Another positive development is that the Platform recognizes that there’s a pretty massive gap between countries’ pledges and we actually needs to be done to address climate change. But huge questions still remain: will major emerging countries accept legally binding reduction targets? Will industrialized nations accept to up their level of commitment? There’s also the issue of the legal status of the future agreement. The Platform states that Parties should come up with « a protocol, another legal instrument or an agreed outcome with legal force under the Convention applicable to all Parties ». If the EU, the USA, India and China were able to agree on that, it seems to me that they may have had a very different interpretation of what that legalistic jargon actually entails. We’ll see next year at COP18 Dubai (!).
I’ve read somewhere a diplomat who sadly described the UNFCCC process as “incremental forever”. I think it describes pretty well the feeling you get when you follow international climate negotiations. It’s at the same time discouraging, because you very easily get the feeling that nothing ever changes (except the chemical composition of the atmosphere),  but at the same time, considering how huge the issues are, any kind of movement is most welcome.


05 décembre, 2011

Vu et entendu à la COP17

Pour une fois, je vais écrire en Français. J'aime beaucoup parler et écrire en Anglais, mais de temps en temps il faut se souvenir de ses racines. D'ailleurs, l'idée m'est venue d'un Tunisien rencontré au stand de la France ici à Durban. Il s'est insurgé contre le fait que les évènements organisés par la France à la COP soient en anglais, et nous a fait remarquer que si la France ne défendait pas la Francophonie, personne d'autre ne le ferait. Il faut cependant admettre qu'il est incroyablement plus simple de communiquer en anglais à la COP, mais des solutions techniques existent (la traduction par exemple, on le fait bien à Bruxelles que je sache).

Avant d'écrire un vrai compte-rendu de ce que j'ai vécu à la COP (qui viendra probablement ce soir) depuis le dernier billet, je voudrais juste raconter quelques anecdotes marquantes de ces quelques derniers jours.

D'abord, ma préférée. Je me trouvais au niveau du stand d'une ONG basée au Bangladesh et qui s'occupe principalement d'adaptation au changement climatique. Le représentant de l'ONG et moi commençons à discuter du Bangladesh et de sa vulnérabilité extrême à la montée du niveau des eaux. On en arrive aux solutions qui peuvent être mises en place pour aider les populations à s'adapter. L'homme me dit que, par exemple, son ONG aide les gens à acheter des canards pour remplacer les poules. Votre serviteur, passablement dubitatif, se dit en bon sudiste que le canard est effectivement bien meilleur que le poulet, mais peine à trouver une utilité à la chose. Cynique, il se dit même que c'est bien la peine de donner de l'argent à des ONG si c'est pour faire ce genre de choses. Par curiosité, je lui demande donc quelle est l'utilité de la chose. 

L'homme me regarde, incrédule, et me dit: "Well, you know, ducks float". 

Ensuite ma préférée dans le stupide. J'étais ce weekend à une conférence sur le climat qui réunissait des grands groupes internationaux. Dans le cadre d'un panel, un cadre-dirigeant d'une grand entreprise française déclare, avec un aplomb admirable, que "le charbon est une énergie propre". Stupéfaction dans le panel et dans la salle. La modératrice, Mary Robinson, lui répond "I'm not sure anyone in this room believes that". Fier d'être français, toujours.

Une autre anecdote, plutôt une clé de compréhension de l'Afrique du Sud, m'a été fournie par mon chauffeur de taxi préféré, Chris. En arrivant au niveau d'un quartier en bord de mer, je lui fait remarquer qu'il y a un grande quantité de restaurants indiens dans le coin. Il me répond : "Bah, n'essaye même pas, ils sont tous tenus par des Nigérians". Votre serviteur, pour qui la surprise devient une habitude, lui demande comment il explique cet état de fait. D'après Chris, les restaurants indo-nigérians sont en fait des couvertures pour des activités plutôt louches et totalement criminelles. "Where there are Nigerians, there's crime". Grosse ambiance. 

Du coup, pour ne pas financer la mafia de Durban, j'ai été manger un burger. 



01 décembre, 2011

COP17 - day 3

I am writing from the blogger's loft at COP17 Durban (and I am pretty sure I'm the only one blogging in here). I've been wondering what a COP looked like before laptops became cheap and before people from  grassroot Nepalese NGOs started live blogging on their ipads. People probably interacted more (not sure how this would be possible, I have the feeling that I spend my day talking to people), but the atmosphere was also probably less frantic and therefore less interesting.

So what's going on in terms of negotiations ? Well, to be honest, I don't really know. I've been busy conducting my survey and attending various fascinating side events (more on that in this article), and I have not paid sufficient attention to the formal negotiating process. What I know so far : 
  • COP18 will be held in Qatar,
  • Canada is considering pulling out of Kyoto, which is significantly harming the talks and jeopardizing the chances to get a meaningful agreement. Japan is apparently going to do the same.
  • African countries are once again sidelined even though they already are at the forefront of climate vulnerability and impacts.
  • The US wants to reopen the text on the Green Climate Fund, which would be a disaster considering that COP17 was supposed to operationalize the Fund, and not renegociate its very existence.
If I had to summarize from the very partial intel I have, things are not going well.

On the sidelines of the negotiations, things are pretty great ! As I was saying two days ago after my first day at the COP, the intelelctual frezny going on in this place is incredible. I attended today the Climate Communications Day, where people discussed how to effectively convey messages about climate change in the media or otherwise to a wide variety of audiences. I was particularly interested by two sessions in this seminar. The first was a panel of religious leaders discussing the link between religion and environmental protection. I am not a religious man, but I think that religion can be a very powerful agent of change or at least evolution. I wasn't expecting to see religious leaders so committed to the necessity of protecting the environment. I had a vision of the Judean-Christian paradigm being partly responsible for the disconnection between Man and Nature. Well, according to the Rabbi present there, this stems from a complete misunderstanding of the Scriptures, and especially Genesis, because Man is given dominion over Earth not as a master but as an administrator. The Anglican priest went on to say that it was an "extreme heresy" to preach against environmental protection because it is heretic to believe that Man is allowed to destroy God's creation. This might be standard speech from religious people, but I was not expecting that.

Another very interesting presentation came from Oxford's James Painter. He studied the reporting of climate change scepticism in the media of 6 countries (study here). Basically, the US and the UK have had a massive amount of scepticism reported in the press, and in some newspapers, reporting was not even remotely balanced (hello WSJ). It'd be too long to discuss all the finding, but it clearly demonstrates that the media have had a massive influence in the rise of climate scepticism.

The best thing about the COP is that, when you think your day is over, and are preparing to go back to your hotel, well you realize it ain't. For instance, by walking around the NGO booths I learnt that : organic cotton gron in California requires 60% more water than regular cotton. So all this talka bout organic clothing may well be utter bullshit. You have to know where the cotton comes from, and how it actually is cultivated. 

What keeps fascinating me is the amount of motivation and goodwill that you find in this place. I was expecting to find people coming to the COP only to network and/or sign contracts. There's a lot of that of course, but seriously, people here want to change things. Their intent is good, and they are seriously doing all they can to make a positive contribution to the fight against climate change. In terms of efficiency, it's not good, but there's definitely a base on which to build a strong international movement. And these guys seem to be the only ones to realize how urgent it is to act on the issue of climate change. One thing is sure though, negotiators don't.


29 novembre, 2011

First day in Durban

I arrived yesterday in Durban, South Africa, for the seventeenth conference of parties to the United Nations Framework Convention on Climate Change, aka COP17. This is my first COP, and WOW what an experience !

The thing about COPs, as I understand them, is that basically noting happens in terms of pure negotiating. I mean, obviously, there are a lot of meetings and sessions of the various tracks but they are astonishingly boring.Declarations from parties are a mix of legalistic and technical jargon and political declarations of intent. No, what makes a COP so special is the whirlwind of side events, conferences, fora that take place around the formal UNFCCC process. All the best experts from academia, think tanks, NGOs are discussing, giving public presentations, circulating reports etc. In short, there is a tremendous amount of intellectual activity happening from dawn to dust in Durban. For instance, only today I had a very interesting discussion with a Chinese man from a very famous university in Beijing on French and Chinese nuclear porgrammes, and the EPR technology. Then, I went to a side event on climate change in Mexico in which IPCC's Dr Pachauri gave a very interesting presentation. 

Of course, all of this will not lead to a substantial international agreement on climate change, but it clearly demonstrates that there is a growing interest on these issues and that some of the best brains in the world are thinking about ways to tackle this issue. This, for once, is encouraging. But it should not lead us to forget that international climate negotiations are in a dangerous phase, ever since the COP15 disaster. It is becoming increasingly clear that the Kyoto Protocol, the only international legally-binding agreement that includes quantified emissions reduction targets, will have trouble surviving the bitter rivalry between energy-hungry BASIC countries and the politically-malfunctioning USA (and the naked blue helmets that have become the EU). All of this while the science is becoming increasingly clear on the fact that all hell is going to break loose if nothing is done at he international level to mitigate climate change.

Anyway, I had an exhausting but amazing first day at the COP. By the way, I'm there to conduct a survey on the international perception of climate change science. If you're from a BASIC country or France or the USA, take a minute to fill it, you'll see that's interesting stuff : www.nomadeis.com/climate-survey




21 novembre, 2011

The failure of a generation

The Guardian has a story about how political leaders in rich countries have decided that nothing was going to come out of international climate negotiations until 2020, and that's if we're lucky. At the same time, the IPCC has released a report which explains, very cautiously (one does not want to repeat the Himalayan glaciers mistake), that greenhouse gases building up in the atmosphere, among other factors, has changed the frequency and severity of some extreme weather events. Basically, climate change is already happening, which is no big news, but should remind political leaders of their responsibilities.

Now, as we say in French, "la critique est aisée mais l'art est difficile". It's easy to lay blame on other people's feet. It undeniably is. But there's a difference between doing poorly and failing spectacularly. As a West European, I have grown accustomed to moral and leadership failure on many, many issues : the economy, human rights, and yes, the environment. But never before I have felt this let down by my leaders. These 50 something, conservative, laissez-faire ideologues have been unable to rise to the challenges that the very same policies they are still defending have created. In my opinion, there is a clear connection between the methodical, systematic dismantling of public powers since the 70s and the inability of governments to properly tackle the many crises they are facing. And this applies to the mother of all crises, ie the environmental crisis. States have become an empty shell, pretending to govern by issuing laws that are not implemented (by lack of means and / or political will) and expanding corporate powers to a level that's not only dangerous but also wholly detrimental to public interest. And now, these empty shells should re-engineer the world economy towards a drastic reduction of GHG emissions? Not gonna happen unless political power is willing to twist some corporate arms. 

We may be flooded by talks of how "green growth" is an excellent opportunity for companies, it is nonetheless obvious that companies will have to make sacrifices if reductions are to go down, and if the environment, or what's left of it, is to be preserved. But who, among political leaders will face business groups that fund their campaigns to tell them that companies will go through blood, toil and tears because, well however painful it will be in the short run, it is the smartest thing to do ? None that I know. Not Obama, not Sarkozy, not Merkel, not Cameron. Who will declare that the era of strong government has come, and that NPM-inspired public policies have to end once and for all ? Stop searching, you're not going to find anyone. 

Instead, these so-called leaders have decided to drop the ball, and to wait until a new generation (mine) seizes it. In the meantime, and until babyboomers retire, we are to live in a society of mass unemployment, rising social inequalities, and "fiscal consolidation" (I love this expression). If that isn't a perfect way to wait for your turn...  Every generation of leaders has failed in one way or another. But, until recently, they had the decency to give following generations the means to succeed. This is clearly no longer the case. 

For all the talks about sustainable development, it would seem that this generation has lost sight of what sustainable actually means : doing things that will not negatively impact future generations. 

Leadership is dead.