16 janvier, 2012

Vacarme sourd

La campagne présidentielle française semble être partie sur une dynamique très étrange. Le pays a rarement eu autant besoin de débats de fonds et d'une vision claire de la part de ses élites politiques. Rien que durant ces derniers jours, on a appris que la France devrait renouer avec la récession en 2012, et que sa note de crédit serait dégradée. Je ne parle même pas du chômage, et en particulier de celui des jeunes. Résoudre ces enjeux demande de la détermination, des idées claires et surtout des valeurs. Or la majorité a prouvé à de trop nombreuses reprises qu'elle n'en avait pas. Ou en tout cas pas de recommandables. Le PS, qui semble avoir quelques vagues restes de valeurs humanistes et social-démocrates, semble incapable d'articuler une vision claire de ce qu'elle souhaite faire de la société française.   

Outre la médiocrité du débat politique, ce qui me frappe le plus dans cette campagne c'est qu'on ne parle pas des enjeux les plus importants. Notamment de celui du climat. Je sais bien que personne n'a jamais gagné une élection en parlant de climat (par contre beaucoup en ont perdu). Je suis également bien conscient que les gens pensent avant toute chose à leur boulot, à nourrir leurs gosses, à leur galère de logement etc. Il n'en est pour autant pas moins vrai qu'aucun responsable politique de ce pays n'aura le courage de dire à son peuple que ce modèle de croissance est cassé pour toujours. Que si l'on continue dans cette voie, on risque une paupérisation massive de la population du fait d'un renchérissement de l'énergie. Que la consommation à outrance a des impacts potentiellement irréversibles sur le climat et la biosphère. Je suis conscient qu'en utilisant ces termes, je prends le risque d'être catalogué comme un écologiste décroissant (qui a d'ailleurs remplacé frontiste comme insulte suprême du vocabulaire politique français). Mais arrêtons de nous leurrer, la décroissance a déjà commencé. A moins d'un saut technologique actuellement impensable qui permettrait de réduire drastiquement la pression que nous exerçons sur l'environnement, une forme de rationnement sera nécessaire. Mieux vaut s'y préparer dès aujourd'hui.   

Ne nous leurrons pas non plus sur l'évolution des idées humaines. L'idée selon laquelle l'espèce humaine doit diminuer autant que possible son empreinte environnementale est relativement neuve. Elle balbutie, se cherche, expérimente au niveau local. Elle n'ose pas encore se déployer, et en est de toute façon empêchée par l'idéologie dominante, qui lui même une guerre très violente. Mais elle finira par devenir nécessaire, et rentrera dans les moeurs de tous. Je suis intimement persuadé que l'écologie deviendra l'idéologie politique standard de mon vivant.  

Mais je m'éloigne du sujet principal de ce post, qui était de pointer le fait que la menace principale qui pèse sur notre espèce. à savoir le changement climatique, n'est même pas abordée dans cette campagne présidentielle. On savait que la droite faisait semblant de s'y intéresser pendant le Grenelle de l'Environnement. On savait aussi que les socialistes sont, dans une très large mesure, très mal à l'aise sur les questions de climat. Mais jamais je n'aurais imaginé qu'on puisse ne pas en parler pendant une campagne présidentielle. Il s'agit là pourtant d'une question essentielle quant aux dangers que les dérèglements du climat font peser sur notre économie, mais aussi quant aux opportunités de restructuration complète de celle-ci qu'elle présente (et qu'Eva Joly semble être la seule à avoir compris).  Au final, la question du climat se retrouve noyée dans ce vacarme assourdissant qu'est la campagne 2012 où on parle beaucoup mais de rien d'important.

Je ne suis pas confiant pour l'avenir de la France.

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